Tout petit, c’était un chaton roux légèrement différent des autres. Physiquement, il avait des traits ordinaires avec une taille modérée. Ses parents n’étant pas beaucoup présents, il devait subvenir à ses besoins dès le plus jeune âge, cherchant à se nourrir ailleurs que dans le foyer familial créé par la mère, dans une ruelle de ville bondée où la populace est indifférente à la problématique de l’environnement ou de la protection des animaux. Il allait donc explorer le monde, pas après pas, il partait à la découverte de nouveautés chaque jour, au devant de nouveaux défis, se forgeant alors l’indépendance qu’on lui connait aujourd’hui.
Souvent seul, ses éventuelles rencontres avec des félins hostiles se terminaient généralement par sa défaite. Il fut mainte fois blessé et dérouté à l’idée de se battre à nouveau. En continuant son exploration, ses endroits préférés furent définis aux bords du fleuve, hors des villes,  plus particulièrement dans un bois surnommé «le bois des oublis». Au final, le bois des oublis était une forêt abîmée par la déforestation et les incendies des hommes. Auparavant les légendes racontaient que cette forêt était enchantée. Il n’y restait plus que quelques hectares d’arbres. Mais notre jeune matou y venait tous les jours, se reposer près de son arbre favoris, un immense séquoia à feuilles vives et brillantes, si haut qu’il pouvait probablement atteindre les nuages. Très vite la forêt devint sa résidence principale, et il la protégeait autant qu’il le pouvait. Il créait des pièges pour les bûcherons, parcourait l’ensemble de la forêt pour la débarrasser de probables sources de feu et de pollution.
Un année plu tard, sa mère s’éteignit en donnant naissance à un jeune chaton aussi fragile qu’une feuille d’automne, son unique petit frère.
Il décida de l’emmener près de son arbre pour qu’il puisse s’y reposer. L’ainé aimait son cadet mais étant un mâle il lui était impossible de nourrir le nouveau né. C’est alors qu’un miracle se produisit, le grand conifère laissa filer sa sève près de sa base, et le petit put tèter ce nectar. Quelques jours passèrent jusqu’à l’arrivée d’une menace à laquelle ils n’étaient pas préparé, un castor géant. On aurait dit un ours des montagnes tant il était grand.
Ce gigantesque rongeur avait décidé de s’en prendre au séquoia. Les énervements et la bravoure de nôtre félin n’y firent rien, le monstre griffa une première fois l’écorce. Le petit, qui avait déjà bien grandi grâce à son régime extraordinaire, sortit de sa cachette et tenta de s’interposer. Le castor l’écrasa de tout son poids et c’en était fini.
Notre héros ne le supporta pas, il frissonnait de tout son corps et ne sentait que de la douleur, un douleur qu’on ne ressent que lorsque l ’on préférerait mourir. Il cria, il hurla de toutes ses forces et plus encore. Son cri ne venait pas que de sa voix, le sol trembla. Les feuilles à terre prirent vie, les oiseaux posés s’envolèrent et les arbres restants de la forêt vibrèrent.
Ses yeux virèrent au vert émeraude, ses oreilles poussèrent à une vitesse folle, son visage s’assombri laissant alors apparaître un visage menaçant. Ses poils devenaient durs comme le bois mûr et il était désormais gigantesque. Lui et le séquoia ne semblaient former qu’un. De son regard perçant, il enleva la vie du castor.
Les arbres, la forêt avaient besoin d’une âme qui veillerait sur eux, qui ne les oublierait pas. Le fauve représentait maintenant l’âme pure qui allait s’opposer à sa destruction.
Désormais, l’immense séquoia et le félin ne formaient qu’un. Et ils allaient protéger cette forêt, et la faire prospérer.
Ted
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Il y a quelque temps j'avais griffonné l'esquisse de cette illustration sur mon carnet à dessin. Récemment en feuilletant ledit carnet je suis re Read More

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