Lucie Lainé's profile

Livret Marcovaldo

Dans le cadre d'un projet scolaire j'ai dû créer un objet d’édition pour mettre en valeur une des 20 nouvelles de Marcovaldo ou Les saisons en ville, œuvre de l’écrivain Italo Calvino, publiée en 1963.
Je devais réaliser un livret de 16 pages et l’illustrer d’une série de 6 collages et d'une couverture.
Le but étant d'élaborer un objet éditorial, de sa conception à sa fabrication.

J'ai choisi la nouvelle La pluie et les feuilles (automne) :

Dans l'entreprise où il travaille, Marcovaldo prend soin d'une petite plante qui ne voit jamais l'extérieur. Un jour de pluie il la sort et se rend compte du bien que ça lui fait. Ne pouvant se résoudre à la rentrer il se retrouve à l'emmener sur son vélo à travers la ville jusqu'à son appartement. En l'espace d'un week-end, la plante a tellement poussé qu'elle est aussi grande qu'un arbre et ne rentre plus dans le bureau. Le responsable de Marcovaldo, énervé, lui ordonne de la ramener à la pépinière pour l'échanger contre une plus petite. Marcovaldo récupère un scooter pour transporter la plante mais il est maintenant tellement attaché à elle qu'il n'arrive pas à se décider à la ramener. Il déambule à travers la ville, suivi par une foule de personnes impressionnées par cet arbre aussi grand que les immeubles. Alors que la pluie s'arrête et qu'un arc en ciel apparait, la plante, épuisée par sa croissance, se met à perdre ses feuilles. Marcovaldo ne s'en rend pas immédiatement compte et lorsqu'il se retourne la plante n'est plus qu'un tronc, des branches et une envolée de feuilles jaunes et oranges dans la ville grise.

Le fil à broder sert de fil conducteur de la magie à travers la nature pour s'immiscer dans la ville : on le retrouverait alors dans la pluie et les feuilles de la plante.

Selon mon ressenti, dans la nouvelle, la ville n'est pas toujours représentée purement visuellement mais plutôt comme un élément gris qui encercle Marcovaldo et l'étouffe. Je décide alors de représenter la ville par un assemblage plus ou moins précis de morceaux de photos.

Je choisi aussi de faire des illustrations qui jouent avec la saturation de l'espace pour évoquer la plante qui pousse de manière incontrôlée.




Premier chemin de fer réalisé qui a été modifié au fur à mesure de l'avancée du projet.
Afin de mieux visualiser mes pages j'ai choisi ma typographie avant de réaliser mes illustrations. Mon choix s'est arrêté sur la famille de typographie BeoSansHard pour correspondre à l'aspect imparfait et la texture.

Pour mes collages je récupère uniquement des éléments de magazines ou de journaux.
Pour les éléments brodés j'utilise du fil de coton aux couleurs légèrement vieillies. 
J'ai alors réalisé des premiers tests avec chacune des techniques.






D'après mes tests j'ai dessiné des brouillons pour chaque illustration en réfléchissant à leur forme, la place qu'elles prendraient et leur signification :

J'ai réfléchi la couverture pour qu'elle représente l'ensemble de la nouvelle et mon ressenti de celle-ci. Marcovaldo y est entouré par des immeubles en contre plongée ce qui les rend presque menaçants et il se raccroche à la plante qui, elle, continue de pousser. Les feuilles se déploient alors sur les immeubles et apportent du mouvement à la composition.

Je voulais une représentation de la ville grise (en journal) sous la pluie (en fil) pour la deuxième et troisième de couverture, pour montrer que le livre/la nouvelle est encerclé(e), comme Marcovaldo, par la ville. Les immeubles sont représentés de manière très simple, ils incarnent le banal qui précède puis succède à l'histoire de la plante.

La première illustration vient après plusieurs pages de texte, elle représente la plante sur le rebord de fenêtre de Marcovaldo au levé du soleil. La pluie a cessé et on peut voir que la plante a poussé. C'est le début d'une nouvelle journée et le début des événements hors du commun qui vont arriver à Marcovaldo.

Ces illustrations viennent insister sur le lien qui se crée entre la plante et Marcovaldo. L'attention que porte Marcovaldo à la plante ordinaire est ce qui permet à celle ci de s'épanouir et la rend hors du commun. Le fond du coté de la plante vient rappeler la pluie, les éléments naturels, tandis que celui de Marcovaldo est gris et rappelle son appartenance à la ville.

Un fil, leur lien, relie les deux illustrations et vient s'incruster dans le texte.
Les illustrations suivantes viennent de plus en plus jouer avec le texte pour incarner l'évolution de la plante. 
Dans l'illustration où Marcovaldo est sur son scooter, la plante sort du cadre et dans la suivante il n'y a même plus de cadre, la plante vient s'incruster directement dans le texte.

La dernière illustration incarne le paroxysme de la magie de la plante, c'est donc celle qui aura le plus de couleur. Les feuilles commencent à mourir et à tomber mais Marcovaldo ne s'en rend pas encore compte.

La dernière page du texte est accompagnée d'une simple petite feuille brodée, il ne reste presque plus rien de la plante et de sa magie, la nouvelle est finie.

La quatrième de couverture est très sobre pour laisser place au suspens, simplement une citation qui résume bien la nouvelle et un cadre brodé pour rappeler le fil conducteur.

     


Pour la couverture, je fais le choix d'un papier plus épais, légèrement tinté et recyclé pour ajouter de la texture et rappeler le naturel.
Alors que pour les pages, je choisis un papier classique, plus fin et blanc pour ne pas entraver la lisibilité et mettre en avant les illustrations.
      



Possibilité de déclinaison pour des sacs exclusifs donnés en librairie ou en cadeau lors d'une précommande du livret.

Livret Marcovaldo
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