Les changements climatiques à venir n'ont-ils d'autre issue qu'engendrer des réfugiés climatologiques ?
Quelles alternatives ?
En effet, la montée des eaux peut épargner certaines zones en relief qui se retrouvent alors isolées.
Cela amène à concevoir une nouvelle génération de villes, un réseau de ponts habités pouvant se développer comme une toile urbaine surplombant les zones immergées.
Premier port maritime d'Allemagne, proche de la mer du Nord et de l'embouchure de l'Elbe, Hambourg est une ville entourée et traversée d'eau. Face au risque de la montée des eaux la ville se prépare et cherche à s'adapter.
C'est le lieu choisi pour accueillir le projet urbain de ponts habités "Urban weaving".
Ce dernier s'étend au dessus des zones inondables sous la forme d'une ville polycentrique .
Ces centres économiques et administratifs sont reliés les uns aux autres par un entrelacement de zones résidentielles, à l'image de branches se développant autour d'un tronc.
Les parcs et les toitures végétalisées recréent un échantillon de terre ferme, offrant aux habitants de cette ville suspendue un cadre de vie privilégié.
Un site : Hambourg
Située au fond de l'estuaire de l'Elbe à environ 110 kms des côtes, en amont de la mer du Nord, Hambourg est l'un des centres économiques majeurs du pays.
Lieu d'échanges intenses, la ville abrite le premier port maritime du pays, 3e port le plus important d'Europe. Le port d'Hambourg est situé au nord-est du Northern range, interface maritime principale de la mer du Nord et de la Manche.
Hambourg est aussi la deuxième ville du pays après Berlin.
La ville s'étend sur 755 kilomètres carrés, soit la surface de Paris et sa petite couronne
1,8 millions d'habitants (3,5 millions avec l'agglomération)
Ville verte puisque 14 % de sa surface est dédiée aux espaces verts et de détente, Hambourg est une ville internationale qui attire de nombreux touristes.
Cette ville offre donc une grande qualité de vie à ses habitants.
Le risque naturel : la montée des eaux et les raz de marée plus fréquents
Selon L'IPCC, l'augmentation du niveau de la mer à l'échelle globale va s'accélérer de manière significative dans les décades à venir. Trois à quatre fois plus que le taux actuel d'ici 2100.L'estimation moyenne de l'IPCC au niveau global est de 49 cm pour cette période.Cependant, en ce qui concerne les mers peu profondes comme la mer du Nord et la mer Baltique, ce taux sera probablement plus important. 60 cm est plus plausible pour cette région.
La hausse du niveau de la mer enregistré dans le sud de la mer du Nord semble accompagnée d'une augmentation simultanée de l'amplitude des marées.
Ainsi lorsque sont additionnés l'augmentation du niveau de la mer et de l'amplitude des marées.L'intervalle entre les crues de grande ampleur est très réduit.
L'Elbe est exposée aux raz de marée et de nombreuses zones résidentielles sont menacées par les crues intérieures.
Zone menacée par le raz de marée : 270 km carrées soit 30 % de Hambourg.
L'eau monte d'environ 1,50 mètres par heure, ce qui ne laisse que quelques heures aux habitants pour réagir et évacuer.
L'écart entre marée basse et raz de marée est de plus de 10 mètres
Si les prévisions de l’institut Max-Planck de recherche météorologique, situé dans la ville hanséatique, se confirment, Hambourg sera confrontée à une augmentation de 30% des précipitations d’ici 2050.
Actuellement, la ville d'Hambourg se protège des inondations en construisant des digues et en surélevant le terrain. La ville de demain doit être résiliente à l'inondation, c'est une innovation rentable et un investissement efficace.
En effet, un bien inondé demande plusieurs mois pour être remis en état.
Les villes concernées par des inondations doivent donc s'adapter, au nom de l'attractivité et de la compétivité.
Une solution : Urban weaving
Situé sur l'ile de Wilhelmsburg, au sud du centre historique d'Hambourg, le projet de ponts habités prend toute son importance ; en effet cette île risque de disparaitre sous le niveau de la mer dans le futur. C'est déjà un lieu d'expérimentation en terme de construction résiliente aux inondations car elle abrite la nouvelle ville, Hafencity, la cité du port.
Les terrains ont été surélevés pour accueillir les nouveaux bâtiments. Il s'agit d'une solution, mais s'agit-il d'une solution à long terme ? Le niveau de la mer croissant ainsi que les crues de plus en plus fréquentes et intenses vont pousser les hommes à construire des digues de plus en plus hautes dénaturant ainsi l'aspect du terrain. N'est-il pas préférable de trouver une solution où l'architecture s'adapte aux changements climatiques plutôt que de chercher à les contrer à tout prix.
C'est par ce constat qu'est né le projet d'Urban weaving, l'idée d'habiter au dessus des zones inondables tout en préservant ces dernières.
Hambourg, comme tout centre économique majeur, est une ville ayant un besoin d'expansion constant. Il est impensable de déserter l'île de Wilhelmsburg qui est géographiquement au centre d'Hambourg et qui abrite une grande partie du port.
L'objectif est de créer une ville qui puisse se densifier et s'entendre avec cohérence sur un espace donné. Pour ce faire, le pont est composé de modules, qui assemblés les uns aux autres, créent une trame organique, une toile urbaine en suspendue au dessus du sol. Le fait de s'élever en hauteur permet de préserver l'environnement tel qu'il est actuellement, la ville se développe au dessus des forêts et des champs.
Formellement, le plan des modules s'inspire des canaux qui traversent la ville. L'Elbe se divise en une multitude de branches.
En parallèle, la ville est composée de modules centraux, seuls liens directs avec le sol, qui concentrent les zones administratives, les commerces, les loisirs. Viennent ensuite se rattacher à ces centres des modules résidentiels avec des commerces de proximité, comme des branches se rattachent à un tronc. Une ville polycentrique est ainsi créée, dans laquelle chaque centre est autonome.
Les transports sont assurés par un intense réseau des voitures individuelles communes, sorte de téléphériques suspendus sous le pont et en libre service. Le transport de marchandise exploite le même réseau, ce qui évite tout encombrement en surface et réduit le nombre de véhicule.
L'énergie de la ville est fournie par un parc éolien mais surtout par l'utilisation de la géothermie.
Les eaux de pluie sont récupérées.
