Enquêtant sur l’affaire Jean-Bedel Bokassa, les narrateurs, un scénariste franco-camerounais, Marc Tchoukouani, et un illustrateur français, Jérôme Stavrog, commentent leur démarche. Pour fil conducteur, l’histoire de la Centrafrique, la vie de Bokassa Ier. En filigrane, les ouvrages du premier petit-fils de l'Empereur de Centrafrique, Jean-Barthélémy Bokassa.

 

Entre rencontres, comptes-rendus de lectures et flash-back, les narrateurs tentent entendent séparer la réalité historique du mythe, parfois monté de toutes pièces dans les années 70 et 80. Versions, témoignages, témoignages parfois inattendus…  mais aussi réflexion sur ce que représente l’empereur d’opérette aux mains sanglantes dans le cadre de la Françafrique, qui continue aujourd’hui d’exister.

 

Les phases importantes du règne de l’Empereur de Centrafrique sont évoquées : le sacre du premier Empereur de Centrafrique et ses liens avec la politique française en Afrique, la fameuse « affaire des diamants » et le rôle véritable de la France de Valéry Giscard d’Estaing dans l’opération Barracuda, qui conduisit au coup d’état qui fit perdre le pouvoir à Jean-Bedel Bokassa. Le procès de l’Empereur est également évoqué, de même que les ouvrages historiques, de fiction et documentaires, réalisés pendant et après le règne – ainsi, « Echos d’un sombre empire », de Werner Herzog, qui fictionnalisent la quête de Herzog et présentent l’Empereur comme un alter ego des personnages des films du réalisateur. Le livre de Pierre Péan, les enquêtes du « Canard Enchaîné », le livre de Roger Delpey, qui fut une des principales victimes de la vaste manipulation dont fut l’objet la famille impériale et la Centrafrique, jusqu’à des Centrafricains d’aujourd’hui, sont invités à une réflexion sur le pouvoir, la désinformation et l’Histoire.

 

L’ouvrage se veut à la fois une enquête et un récit personnel, celui de la recherche historique. La phrase de Faulkner « Le passé n’est jamais mort, ce n’est même pas du passé » (Requiem pour une nonne) revient comme un leitmotiv, avec celle de Michel de Certeau : « L’écriture historique vise à calmer les morts qui hantent encore le présent et à leur offrir des tombeaux scripturaires ». En ce sens, les narrateurs de cet essai graphique se veulent des "pacificateurs de mémoires", mais des pacificateurs non dupes des réalités de l’Afrique.